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Sophie Calle
: Los Angeles |
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On July 14th, 1984,
I was invited to do a show in Los Angeles. I had fifteen days, during
the Olympic Games, to create a piece related to the city. I decided
to ask people a single question: "Since Los Angeles is literally
the city of the angels, where are the angels?"
Le 14 juillet 1984, j'ai été
invitée à me rendre dans la ville de Los Angeles,
durant les Jeux Olympiques, afin de réaliser, en quinze jours,
un travail in situ, et de l'exposer ensuite. J'ai décidé
de poser une question, une seule, aux gens que je rencontrerais :
« Puisque Los Angeles est littéralement la ville
des anges, où sont les anges ? » |
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REX WEINER
When I met Rex Weiner, Wednesday, July 18th at noon, on the steps
of the courthouse, I asked him where the angels were in Los Angeles.
He thought a little then told me to get in his car. I said: "Where
are we going?" "To find the angels". We went to the
Variety Arts Center, 940 Figueroa Street. There, he put in my hands
the hat of W. C. Fields, a Dobbs from Desmonds, size 7. He declared:
"You have to have faith to believe that this hat was really
worn by W. C. Fields. I choose to have faith. There was a time when
Hollywood had the innocence of angels. This hat embodies faith and
innocence; it is a relic. If angels are here on earth to guide people,
when you are lost in Hollywood go and see that hat." |
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REX WEINER
Le mercredi 18 juillet, à midi, j'ai abordé Rex Weiner
sur les marches du Palais de Justice, et je lui ai demandé
où étaient les anges à Los Angeles. Il a réfléchi,
puis m'a invitée à prendre place dans sa voiture.
« Pour aller où ? », « À
la recherche des anges ». Nous nous sommes rendus au
Variety Arts Center, 940 Figueroa Street. Il a déposé
entre mes mains le chapeau de W. C. Fields, un Dobbs de chez Desmonds,
tour de tête 7. Il a précisé : « Vous
devez avoir la foi pour croire que ce chapeau a réellement
été porté par W. C. Fields et je préfère
avoir la foi. Il fut un temps où Hollywood était l'innocence
même. Ce couvre-chef incarne l'espoir et la candeur. C'est
une relique. Si les anges sont là pour nous guider, lorsque
vous vous perdez à Hollywood, allez voir ce chapeau. » |
DALE HERD
When I met Dale Herd, Thursday, July 19th at 10am, I asked him where
his angels were in Los Angeles. He answered: "Your angel should
be right around the corner, let's go someplace close." He took
me to a liquor store to buy a racing form. "Angels invest in
your projects and insure that they prosper. Crystal Court, was a
lesser angel I've bet on before. He gave me freedom during January.
Interco was my major angel last winter, offering me three months
of independence. I owe him a debt of gratitude".
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DALE HERD
Le jeudi 19 juillet, à 10 heures, j'ai
fait la connaissance de Dale Herd. Je lui ai demandé où
étaient les anges à Los Angeles. Il a répondu
: « En principe, l'ange est toujours au coin de la rue.
Inutile de s'éloigner. » Et nous sommes allés
à l'épicerie pour nous procurer la gazette des courses.
« Les anges misent sur vos projets et s'assurent qu'ils
prospèrent. Le cheval Crystal Court, sur lequel j'avais parié,
a été un ange de petite envergure ; il m'a procuré
un mois de liberté, en janvier. Interco fut, l'hiver dernier,
mon ange principal. Il m'a offert trois mois d'indépendance.
Pour cette raison, je lui voue un souvenir reconnaissant. » |
LEWIS MacADAMS
When I met Lewis MacAdams, I asked him where the angels were in
Los Angeles. He had to think. A few days later, Wednesday the 20th
of July at 4pm, he took me in his green Mustang to the Westwood
Village Memorial Park, to see the grave of Marilyn Monroe. "Angels
are fragile. I don't think of the Archangel Michael with his sword,
but of beautiful Marilyn at her make-up table, several hours late
for work. Even while she was alive she was an angel". Because
of her beauty, he said. |
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LEWIS MacADAMS
Quand j'ai rencontré Lewis MacAdams,
je lui ai demandé où étaient les anges à
Los Angeles. Il m'a répondu qu'il allait y réfléchir.
Le vendredi 20 juillet, à 16 heures, il m'a emmenée
dans sa Mustang verte, jusqu'au cimetière de Westwood, où
reposent les cendres de Marilyn Monroe. « Les anges sont
fragiles. Ils ne m'évoquent pas la figure de l'archange Saint
Michel, avec son épée, mais plutôt Marilyn,
à sa table de maquillage, quand elle a des heures de retard.
Même de son vivant, c'était un ange. À cause
de sa beauté. » |
ED RUSCHA
When I met Ed Ruscha, I asked him where the angels were in Los Angeles.
He said: "There are no angels in Los Angeles, and no clouds
for them to sit on. I don't even know what an angel is". Before
I left, he gave me a reproduction of one of his paintings. Two words
on a canvas: An angel.
ED RUSCHA
Quand j'ai fait la connaissance d'Ed Ruscha, je lui ai demandé
où étaient les anges à Los Angeles. Il a répondu
qu'il n'y avait pas d'anges à Los Angeles, ni de nuages,
pour leur permettre de s'asseoir. Il a ajouté qu'il ne savait
même pas ce que c'était qu'un ange. Plus tard, il m'a
offert une reproduction d'un de ses tableaux. Deux mots peints sur
une toile : An angel. |
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